Aujourd’hui samedi 9 décembre, nous avons failli ne pas pouvoir mettre en ligne notre video du fait d’une coupure de l’Internet dans tout le quartier dans lequel nous sommes à Phnom Penh. Aléa technique qui au final se termine plutôt bien.
D’autant que le reportage du jour nous semblait assez important. Nous visitions à une quinzaine de kilomètre de la ville, le tristement célèbre camp d’extermination de Choeung Ek (que je prononce sûrement mal) aussi connu sous le nom de « Killing Fields » et popularisé notamment par le film « La Déchirure« .
Comme pour notre séquence sur le centre S21, nous avons adopté ici la forme documentaire.
bonjour,
choeung ek est il un lieu visité et connu de tous, est-ce un lieu tabou?
au dela du reportage, comment est acceuillie votre initiative, d’une part par la population avec qui vous avez eu l’occasion d’echanger?
d’autre part avec les pouvoirs publics?
alex> Merci pour ton mot et bienvenue sur blogtrotters. Les Killing fields sont assez visités. Ils apparaissent dans les guides touristiques ici. Néanmoins, nous n’avons vu que peu de cambodgiens sur place. je ne sais pas si les pouvoirs publics nous suivent (quoiqu’ils doivent avoir eu vent de notre projet sur les sites cambodgiens qui relayent notre projet). Le reste des interlocuteurs que nous avons croisés semblent apprécier notre intérêt pour leur histoire. En tout cas, nous l’espérons…
Encore un moment fort de votre enquête. Très fort et le ton adopté est saisissant : objectif, san pathos, instructif. Mais, il est vrai que c’ets inquiétant ce que vous mettez en évidence : cette décxharge dans le camp. Cela pose bien la question de cette émoire, comment 1/ ceux qui ont souffert se taisent (ne pas oublier justement ce qui s’est passé avec de nombreux suppliciés des camps de concentration qui se sont tus, qui ne pouvaient témoigner) 2/ les boureaux sont encore au pouvoir et ne développent pas comme cela fut le cas en Europe après la seconde guerre mondiale, un travail de mémoire général et salutatire qui permettrait de faire un deuil.
Tristan toi, qui connait bien ce qui a été fait en Afrique du sud, puisque tu y es allé deux fois faire des reportages sur Dr la mort, en quel sens il pourrait y avoir ici ce qui a eu lieu en afrique du sud : paix et récnciliation, en demandant aux boureaux de venir témoigner en leur assurant une amnistie ? Serait-il possible que dans le peu de temps qu’il te reste tu puisses en disctuer avec l’un des interviewés qui seraient concernés ?
merci encore pour ce que vous faîtes.
Tristan j’aime bien quand tu prends ta voix de documentariste, c’est très classe et ce reportage est juste avec une chute rhétorique adéquate (désolée de tant parler esthétique, je sais que ce n’est pas tant le propos, mais cela mérite d’être salué vu d’ici avec les moyens de là-bas…). Je viens de lire le billet de Philippe Boisnard et il me pose une question sur un propos qui nous paraît évident mais qui peut-être ne l’est pas : les régions du monde et les civilisations qui s’y trouvent ont-elles toutes la même notion, le même besoin du travail de mémoire et du deuil que celui qui nous travaille justement ? N’est-ce pas une transposition occidentale, une occidentalisation de leur pensée ? Je pense particulièrement aux pays du Tiers-Monde où il est ancré dans l’inconscient collectif (encore pour reprendre un terme d’ici) que l’urgence c’est aujourd’hui et demain ? Au-delà du fait que la culture psychanalytique dont nous sommes baignés considère le concept du deuil comme universel, il me vient à l’esprit que c’est peut-être nous qui souhaitons ce deuil collectif et qu’au Cambodge, chaque être humain qui a vécu cela a déjà un peu fait le deuil de lui-même, même si cette vision des choses est noire (vue d’ici), les déchets humains qui sillonnent le camp c’est aussi un peu la vie qui reprend le dessus sur les cadavres, la vie de tous les jours… Bref c’est la question de la mémoire en question ! Sinon, journal du capitaine, vous en êtes au huitième jour, peut-être un petit tour à l’église pour fêter ça :-) ! Hâte de connaître la suite et fin et la version « off » à Paris !
philippe> Pour être juste, il n’y avait pas de détritus partout, mais à un ou deux endroits. On nous a expliqué et je suis prêt à l’accepter, que nous sommes dans un pays du tiers monde et que nos critères de propreté dans certains espaces publics ne sont pas les mêmes (je constate néanmoins que lorsqu’il s’agit d’esplanades dédiées à la famille royale… point de détritus). Le parallèle avec l’Afrique du Sud est en effet intéressant. J’ai demandé à plusieurs reprises si un tel processus pouvait être envisagé ici au Cambodge. A quoi, on m’a répondu qu’il fallait un contexte bien spécifique (notamment un changement radical de régime ou de système) ou que pour l’instant c’est le processus judiciaire en cours qui pourrait s’en charger.
Pour ma part, je crois beaucoup aux futurs procès des Khmers rouges comme moyen de panser les plaies du Cambodge.
Iman> Tes remarques sont très justes. Il faut essayer d’éviter de plaquer nos valeurs telles quelles dans une culture qui n’est pas la nôtre. C’est pourquoi le projet de tribunal mixte (moitié international moitié cambodgien) pourrait être une voix raisonnable. Je pense enfin que la douleur d’une mère est universelle et que le travail de deuil collectif reste nécessaire pour envisager un avenir plus serein.